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Si le réchauffement climatique a focalisé l’attention de nombreux scientifiques et chercheurs ces dernières années, certains de ses effets collatéraux, pourtant extrêmement graves et prévisibles, restent encore aujourd’hui assez méconnus du grand public. C’est notamment le cas des récifs coralliens...
En effet, les récifs coralliens subissent de plein fouet ce réchauffement climatique et se meurent sous l’effet de l’augmentation du CO2 atmosphérique et des différentes perturbations chimiques subies par les eaux de nos mers et océans. Les scientifiques du monde entier et les organisations de protection de la nature ont à maintes reprises, et chacun à leur manière, tenté d’alerter les autorités de la disparition programmée de ces récifs coralliens et des prairies sous-marines, mais leurs appels au secours sont trop souvent restés lettres mortes.
On estime aujourd’hui que ces récifs coralliens auront complètement disparu de notre planète à l’horizon 2050, soit dans une trentaine d’années environ. Mais comment en est-on arrivé là ?
Les premiers signes de fragilité…
Les coraux, à la fois animaux et végétaux, existent depuis des millions d’années. Ils représentent un maillon crucial de l’équilibre biologique des océans : ils servent de protection côtière en absorbant de manière efficace certains éléments venant du large, mais ils abritent également des populations animales (poissons, mangroves etc..) et humaines qui assurent leur subsistance grâce à ces récifs coralliens. La menace d’extinction ne se résume donc pas seulement à celle des coraux, mais elle vise bien tout l’écosystème marin.
Même si la dégradation a commencé dès les années 50, elle s’est considérablement accélérée dans les années 70- 80 avec la surexploitation irraisonnée de nos mers et océans. La principale cause reste la surpêche à grands renforts d’engins très sophistiqués (mais polluants) qui ont considérablement déstructuré les écosystèmes marins.
Certaines espèces opportunistes et les crustacés notamment se sont développés dans ces fonds marins, au détriment d’autres espèces prédatrices ou utiles à la régulation de la composition des eaux marines. Cela a alors entraîné une extrême instabilité de cet écosystème marin et la disparition progressive des coraux et des prairies sous-marines, véritables forêts vierges de nos fonds marins.
...et une prise de conscience tardive
Ce n’est cependant qu’à la fin des années 90 que l’on a commencé à réaliser l’ampleur de la menace qui planait au-dessus de cette disparition programmée. L’année 1997, baptisée « année internationale des récifs coralliens » a été une année de sensibilisation des populations à l’accélération de la détérioration des coraux causée par l’homme.
De nombreuses organisations internationales sont alors nées pour tenter d’enrayer cette dégradation, voire pour contribuer à la reconstruction de certains récifs dégradés. Même si la dégradation se poursuit aujourd’hui, la création de zones de pêches réglementées a permis d’éviter le pire, de préserver les récifs existants mais également de protéger certaines espèces menacées.
Une meilleure connaissance des coraux, ainsi qu’une meilleure compréhension de leur processus de dégradation, ont permis la mise en place de solutions originales pour éviter certains écueils comme le blanchissement des coraux par maladie (liée au stress généré par les dérèglements climatiques), mais également limiter l’impact du réchauffement climatique en contrôlant la température de l’eau.
C’est ainsi qu’en 2006, une plongeuse australienne a décidé, après une première expérience concluante, de mettre en place une structure métallique et de la relier à un faible courant électrique produisant ainsi une électrolyse qui contribue à la recalcification des récifs coralliens de Louisiane. Une autre expérience scientifique intéressante a été menée en Australie en 2015, et permet également de conserver un certain optimisme.
Cette étude récente a prouvé, notamment, que les coraux n’ont pas tous la même résistance à la chaleur. On a donc tenté de croiser des coraux d’origines géographiques différentes pour améliorer leur résistance à la chaleur et ainsi limiter les effets liés au réchauffement climatique. L’opération s’est avérée plus que concluante puisque les chercheurs australiens et saoudiens ont décidé d’étendre leurs zones d’expérimentation.
Des raisons d’espérer ?
Il y aurait donc, malgré la lenteur des autorités à réagir, de vraies raisons d’espérer faire tomber la menace qui plane au-dessus de ces trésors millénaires. Mais cette protection des récifs ne peut avoir lieu sans une politique côtière raisonnable et raisonnée. Pour que les touristes passionnés puissent encore plonger dans les eaux et découvrir ces merveilles de la nature, il faut que l’aménagement du territoire, la pollution, les dragages et les techniques de pêche soient mieux contrôlés et encadrés par des lois et mesures respectueuses de l’environnement et surtout fixer des limites de quantité.
On peut aussi compter sur la créativité visionnaire de certains artistes passionnés et dotés d’un certain esprit philanthropique, pour imaginer d’autres belles idées pour sauver ces récifs coralliens. Ainsi la construction d’un hôtel de luxe situé à 28 pieds sous la surface de la mer en Floride, imaginé par Tony Webb, et qui, grâce à des solutions d’aquaculture pourrait contribuer à la sauvegarde des récifs coralliens, tout en permettant aux touristes de profiter d’un panorama étourdissant de la faune et flore sous-marine.
Il existe aussi des opérations mises en place par les populations locales, mais peut-être pourrait-on espérer voir une prise de conscience globale et un plan d’action collectif prochainement ?
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Crédits photo : Wikimedia.org