B.A.-BA : la narcose

Conseils pratiques dans Plongée

La narcose, souvent appelée « ivresse des profondeurs », est un phénomène relativement bien connu des plongeurs. Il alimente souvent les anecdotes, plus ou moins rigolotes, racontées par les moniteurs de plongée à leurs élèves. Mais qu’en est-il vraiment ? Voici quelques points pour mieux comprendre ses mécanismes et démêler le vrai du faux.

Qu’est-ce que la narcose ?

La narcose est une altération du système nerveux causée par la pression, responsable en particulier de modifications de la conscience et de la perception. La narcose est due à l'azote contenu dans l'air. Avec la profondeur la pression augmente ce qui amène le corps à saturer en azote. Ce gaz perturbe alors le fonctionnement du système nerveux ce qui se traduit par une altération du comportement du plongeur dont les perceptions sont faussées.

La narcose apparaît en moyenne aux environ de 35 mètres. La sensibilité est différente selon les plongeurs mais aussi selon l'état physique ou psychologique du plongeur. En réalité, et contrairement aux idées reçues, tout le monde est impacté par la narcose, mais chaque plongeur y est plus ou moins sensible. Mais en tout état de cause dans les plongées profondes, soit généralement au delà de 40 mètres tous les plongeurs ont un comportement altéré.

 

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Que ressent-on lorsque l’on est narcosé ?

Plusieurs effets de l’ivresse des profondeurs ont depuis été recensés :

  • Modification du raisonnement et des facultés intellectuelles : le plongeur rencontre de plus en plus de difficultés à anticiper. Il est soumis à une profusion d’idées, désordonnées, qu’il a du mal à contrôler.
  • Troubles de l’attention : le plongeur n’arrive plus vraiment à se concentrer, il a des difficultés à fixer son attention, et peut partir dans un véritable monologue intérieur qu’il n’arrive pas à maîtriser.
  • Troubles de la perception : le plongeur peut faire face à des troubles auditifs ou visuels, parfois proches de ceux provoqués par certaines substances hallucinogènes.
  • Troubles de la mémoire immédiate : il regarde sans arrêt son ordinateur de plongée ou son profondimètre. Il n’arrive pas à se souvenir de ce qu’il observe.
  • Perte des repères spatio-temporels : le plongeur perd la notion du temps et de l’espace. Ainsi, il peut avoir l’impression de nager depuis des heures quand il est, en réalité, sous l’eau depuis quelques minutes seulement, ou le contraire. De même, il peut parfois perdre son sens de l’orientation, et se diriger vers le fond alors qu’il pense rejoindre la surface.
  • Troubles de l’humeur : le comportement du plongeur peut devenir dangereux car ses émotions et ses sentiments sont altérés. Il peut être angoissé, ou au contraire euphorique, commencer à se sentir surpuissant… En cas de narcose sévère, il peut traverser des bouffées d’angoisse allant jusqu’à une véritable terreur, ou inversement, des crises d’hilarité totalement incontrôlées… Jusqu’à en perdre le détendeur qu’il avait dans la bouche pour respirer…
  • Troubles psychomoteurs : l’habileté manuelle du plongeur devient de plus en plus mauvaise.

Peut-on éviter la narcose ?

Quels sont les facteurs qui favorisent l’ivresse des profondeurs ?

On connaît de mieux en mieux le phénomène de la narcose, et il apparaît aujourd’hui que plusieurs causes peuvent favoriser son apparition. Parmi les plus nombreuses, citons :

  • Une descente trop rapide : la vitesse de descente augmente les risques de narcose. Plus on descend doucement, moins elle a de chances d’apparaître.
  • La fatigue : le stress, tout comme le manque de sommeil, augmentent la sensibilité des plongeurs à la narcose.
  • Les conditions de plongée : des plongées réalisées dans des conditions inhabituelles, comme dans une eau plus froide qu’à l’accoutumée, une visibilité réduite ou nulle – plonger de nuit par exemple –, sont considérées comme des éléments favorisants la narcose. Certains médicaments peuvent aggraver une narcose : c’est pourquoi la prise de médicaments est a priori déconseillée pour toute plongée.
  • Un effort musculaire trop soutenu : l’augmentation de CO2 provoquée par l’effort pourrait décupler l’effet narcotique de l’azote.
  • La sensibilité de chaque individu : tous les éléments listés précédemment viennent bien entendu s’ajouter à la physiologie propre de chaque plongeur. Certaines personnes sont tout simplement plus sensibles que d’autres à l’ivresse des profondeurs, et cette sensibilité peut varier d’un jour à l’autre.

Y a-t-il des précautions à prendre pour diminuer les risques de narcose ?

Bien évidemment, la narcose est loin d’être systématique et certains plongeurs ne la connaîtront peut-être jamais. Pour l’éviter, il suffit de respecter quelques règles simples et faire preuve de bon sens. L’ivresse des profondeurs étant liée, comme son nom l’indique, à la profondeur des plongées, c’est donc en premier lieu ne pas plonger trop profondément qui permet de réduire significativement les risques.

Il faut ensuite concentrer son attention sur les points suivants :

  • S’entraîner régulièrement, et augmenter la profondeur de ses plongées petit à petit, en restant à l’écoute de ses sensations.
  • Descendre doucement, la tête levée et trouver des repères visuels lors de la descente. Il faut éviter autant que possible la fameuse descente dite « dans le bleu », tête en bas et sans point de repère.
  • Limiter les efforts sous l’eau, en particulier en palmant doucement.
  • Être en bonne forme physique et psychologique : mieux vaut reporter ses plongées en cas de grosse fatigue, d’angoisse ou de stress.

Comment réagir en cas de narcose ?

Si malgré toutes ces précautions, l’une des personnes plongeant avec vous est victime de narcose, il est facile de l’aider et de faire disparaître ses symptômes. Tout d’abord, sachez qu’il y a peu de chance que le plongeur en question vous prévienne de lui-même : il ne s’en rend généralement pas compte sur le moment. C’est pour cela qu’on plonge toujours en binôme !

En demandant au plongeur narcosé de remonter de quelques mètres, ou en l’aidant à le faire s’il n’y arrive pas seul, les signes de la narcose disparaissent généralement naturellement. La plongée peut même se poursuivre normalement si le plongeur a repris ses esprits, à condition bien entendu, de ne pas redescendre. C’est de toute façon le cas pour chaque plongée, la profondeur maximale devant être atteinte dès le début. Si le plongeur reste trop confus, il est alors temps d’interrompre la plongée, et revenir à terre ou sur le bateau. Les signes disparaîtront par eux-mêmes.

Heureusement, l’expérience et l’entraînement sont les amis du plongeur. Ils permettent, à la fois de connaître ses limites, mais aussi d’être attentif à tout signe éventuel de narcose. De plus, la majorité de la faune et de la flore, observable en plongée, se situe dans le milieu dit « proche », soit dans la zone des 20 mètres et donc hors de la zone « à risque ». Si vous ressentez une ivresse des profondeurs avant d’atteindre les 20 mètres, il y a donc de grandes chances qu’elle soit due à votre apéritif de la veille…

  

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Crédits photo : Unsplash.com (Talia Cohen)

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