Témoignages dans Voyages & expéditions
Amateur de plongée depuis toujours, Jean-François Ruelle est un vrai passionné de faune sous-marine. Particulièrement fasciné par les requins, il a le sentiment que ces derniers pâtissent d’une mauvaise réputation infondée auprès des hommes. Après avoir rencontré un spécialiste des requins, il a décidé de partir plonger en leur compagnie. Retour sur son expérience, riche en émotions et en souvenirs impérissables.
Abyssworld : Comment vous est venue l’envie de plonger en compagnie de requins ?
Jean-François Ruelle : J’ai toujours été fasciné par ce prédateur mais le véritable déclic s’est produit pendant une croisière-plongée au Soudan, au cours de laquelle j’ai pu rencontrer Jean-Marc Rodelet de Sharkschool, un spécialiste des requins. Jean-Marc est vraiment passionné par cette espèce et a à coeur de démystifier ses réactions souvent incomprises. En l’écoutant parler, j’ai compris que toutes les réactions du requin ont une explication et qu’il suffit de les comprendre pour mieux gérer l’approche sous l’eau. Sur ses conseils, nous avons pu mettre en application des méthodes efficaces pour approcher le requin en toute sérénité. Et cette première fois a été tout simplement sensationnelle.
Abyssworld : Comment avez-vous préparé cette plongée ? Y-a- t-il eu des précautions particulières à prendre ?
Jean-François Ruelle : Si chaque plongée est différente car elle dépend du comportement des requins, il y a bien entendu quelques précautions à prendre, comme éviter les tenues de plongées avec trop de contrastes par exemple. S’il est plus inoffensif qu’il n’y paraît, il ne faut pas oublier que le requin reste un fabuleux prédateur et que pour l’approcher, il est indispensable de le respecter. L’une des précautions les plus importantes mais qui tient du bon sens : il ne faut donc jamais appâter un requin, ce genre de comportement est complètement inconscient et excessivement risqué. Idem en cas de bump (ndlr : quand un requin vient percuter un plongeur), il ne faut jamais frapper le museau ni fuir à grand palmage. Au contraire, il faut rester en position verticale en le suivant du regard, pour ne pas exciter un animal qui s’est approché par simple curiosité.
Abyssworld : Avec quels types de requins avez-vous déjà plongé ? Et dans quelles zones ?
Jean-François Ruelle : Même si les rencontres sont souvent furtives car les requins sont timides face aux plongeurs, j’ai eu la chance de plonger avec de nombreuses espèces un peu partout autour du globe, principalement en Egypte, aux Maldives, au Soudan et en Thaïlande. J’ai donc déjà croisé de nombreuses espèces : des requins gris de récif, des requins-marteaux halicornes, des requins longimanes, des requins soyeux, des requins-renards, des requins-nourrices, des requins-léopards, des requins à pointes blanches, des requins à pointes noires et aussi des requins-guitares. Un rêve pour un passionné dans mon genre !
Abyssworld : Quels souvenirs gardez-vous de ces moments en leur compagnie ?
Jean-François Ruelle : Des souvenirs, j’en ai beaucoup mais mes deux plus belles rencontres se sont déroulées en Egypte et au Soudan. En Egypte, j’ai plongé avec un ami dans les îles Brothers. Il y avait beaucoup de plongeurs et beaucoup d’agitation à l’approche du moindre requin. Malgré le fort courant, on a décidé de rester à une vingtaine de mètres au large, de s’accrocher au récif et de patienter. Au bout de 20 minutes, on a fini par se retrouver seuls sur le récif et un requin gris a surgi du bleu pour venir à notre rencontre.
On est restés calmes et immobiles : le requin est passé à quelques mètres de nous en nous observant puis un second est apparu, très vite rejoint par un troisième et un quatrième. Les requins nous ont frôlés chacun à leur tour, c’était une situation incroyable, on s’est régalés. Et puis, cerise sur le gâteau, un requin-renard est remonté des profondeurs le long du tombant pour passer devant nous. Quel souvenir !
Au Soudan, on a plongé sur le récif de Sanganeb à la première heure. Dans ces eaux d’une faune sous-marine très variée, deux requins-marteaux halicornes sont passés devant nous, sûrement des sentinelles (ndlr : requins qui partent en éclaireurs pour le groupe). On a donc décidé de s’éloigner du récif pour se diriger vers plusieurs centaines de barracudas, qui nous entouraient alors de toutes parts. Un spectacle grandiose !
Je suis ensuite sorti du banc de barracudas, pour me retrouver face à un espadon. Incroyable ! Alors que j’essayais de prévenir mes compagnons de plongée, un autre spectacle se préparait plus bas : un banc d’une quarantaine de requins-marteaux halicornes étaient en train de remonter du fond. Pour se rendre compte de notre émerveillement, il faut bien comprendre qu’on se situait à 40 mètres de profondeur, dans des eaux d’un bleu incroyable, avec un banc de requins passant sous nos palmes. Dans ce genre de moment, on se sent vraiment tout petit… et c’est magique.
Abyssworld : Que ressentez-vous face à ces prédateurs ?
Jean-François Ruelle : Face aux requins, il faut toujours bien sûr toujours rester vigilant mais mes craintes premières, principalement dues à mon ignorance de l’animal, ont vite été remplacées par un émerveillement et un respect sans limites. Qui sommes-nous pour avoir droit de vie ou de mort sur 100 millions de requins chaque année, des supers prédateurs, certes, mais surtout des gardiens de l’équilibre de l’écosystème sous-marin.
Ma colère face à ces massacres et à cette désinformation est aussi grande que mon envie d’en savoir toujours plus sur cet animal encore trop méconnu. Pour moi, il est essentiel d’adopter un meilleur comportement vis-à-vis de ce pilier de la vie sous-marine, pour cohabiter avec lui dans le plus grand des respects et oeuvrer ainsi à la préservation de la biodiversité. Je suis tellement passionné par le sujet que j’ai déjà booké mes prochaines aventures !
Abyssworld propose des voyages “spécial requins” en partenariat avec Sharkschool. Rendez-vous sur notre page en savoir plus !